Coumarines et phototoxicité : une confusion fréquente

Accueil $ Focus Phyto - plantes et toxicité $ Coumarines et phototoxicité : une confusion fréquente

Résumé

Les coumarines, une vaste famille de composés présents dans de nombreuses plantes, sont parfois associées à un risque de photosensibilisation. Toutefois, cette généralisation est inexacte ! Seules certaines sous-classes, notamment les furocoumarines (ou psoralènes), possèdent un réel potentiel phototoxique. Je vous explique tout ça.

Les coumarines quesako ?

La coumarine (1,2-benzopyrone) est une lactone aromatique naturellement présente dans plus de 27 familles botaniques, dont les Fabaceae, Rutaceae, et Apiaceae. Elle sert de squelette à de nombreuses dérivés naturels, parmi lesquels on distingue :

  • les coumarines simples (ex. coumarine, dihydrocoumarine),
  • les furocoumarines (ex. psoralène, bergaptène),
  • les pyranocoumarines, méthoxylées, etc.

Je vous renvoie à cet article pour en savoir plus à propos des coumarines, qui font l’objet de nombreuses discussions voyez-vous.

Phototoxicité : une propriété spécifique aux furocoumarines

La phototoxicité (ou photosensibilisation phototoxique) est une réaction cutanée déclenchée par l’activation d’un composé chimique par les UV-A (320–400 nm), entraînant la formation de composés toxiques.

Les furocoumarines, et non les coumarines simples, sont les principaux agents de cette phototoxicité. Ces molécules intercalent l’ADN, formant des ponts covalents après activation par les UV-A (réactions photochimiques de type I et II), avec un risque prouvé de photodermatite aiguë et de mutagenèse.

Les principales furocoumarines phototoxiques sont :

  • Bergaptène (5-méthoxypsoralène)
  • Xanthotoxine (8-méthoxypsoralène)
  • Psoralène

Ces composés sont bien documentés pour leur phototoxicité aiguë in vivo et in vitro, notamment dans certaines huiles essentielles d’agrumes non rectifiées (Citrus bergamia, Citrus paradisi, etc.) ou dans Ruta graveolens.

Coumarine simple : absence de phototoxicité démontrée

La coumarine simple n’a pas démontré d’activité phototoxique ni photomutagène dans les modèles reconnus. Elle est toutefois hépatotoxique à forte dose, mais cette toxicité n’est pas liée à l’exposition aux UV.

Réglementation européenne et recommandations

L’Union européenne encadre strictement les furocoumarines en raison de leur phototoxicité :

  • Le Comité Scientifique pour la Sécurité des Consommateurs (CSSC) recommande une concentration maximale totale de 15 ppm de furocoumarines dans les produits sans rinçage exposés au soleil (2006).
  • L’huile essentielle de bergamote est aujourd’hui commercialisée en version « bergaptène-free » ou « FCF » (furocoumarin-free), pour un usage cosmétique sans risque.

Conclusion

La confusion entre coumarines simples et furocoumarines persiste dans de nombreuses publications vulgarisées. Or, seule une minorité de coumarines – les furocoumarines – sont effectivement photosensibilisantes. Leur présence dans les produits topiques est aujourd’hui encadrée réglementairement, et leur usage, sécurisé lorsqu’ils sont utilisés selon les normes.

Sources :

Lake, B.G. (1999). Coumarin metabolism, toxicity and carcinogenicity: relevance for human risk assessment. Food and Chemical Toxicology, 37(4).

Pathak, M.A. (1992). Phototoxicity of furocoumarins. Journal of Photochemistry and Photobiology B: Biology, 14(1-2).

 

Coumarines et dicoumarol : la confusion

Les coumarines sont des composés aromatiques naturellement présents dans de nombreuses plantes médicinales. Connues pour leurs effets bénéfiques, elles suscitent pourtant certaines inquiétudes, souvent liées à une confusion persistante avec le dicoumarol, un dérivé...

Lettre d'information

En vous abonnant à ma lettre d'information vous recevrez régulièrement des nouvelles concernant l'herboristerie et/ou mon activité.

Votre demande à bien été prise en compte. Merci !